Utopie : La Gauchoite

LIBRE EXPRESSION

7/23/2023

Il y a dans notre pays une certaine gauche et une petite droite qui entretiennent réciproquement une haine farouche. Avec un peu de recul, cette inimitié est contre-productive. Nos algarades maintiennent le statu quo sociétal qui nous opprime tous.

La première prône « Les peuples doivent disposer d’eux-mêmes », la seconde réclame « La souveraineté et l’indépendance de la communauté nationale ». N’est-ce pas la même chose ?

L’une et l’autre abhorrent l’impérialisme ploutocratique qui paupérise. Elles s’opposent aux puissances de l’argent, à la dictature de l’hyper classe. Ces deux branches politiques réclament la justice sociale, une meilleure répartition des richesses, l’équité dans tous les domaines sociétaux.

Ces deux groupes devraient être copains comme cochons, hors ils se détestent. Sociologiquement, ces deux camps sont dans le monde du travail, pas dans la spéculation et l’économie fictive. Ils savent que le fruit de leur sueur est spolié par une classe de parasites.

Leur lutte est identique, il devrait donc agir ensemble. Pourtant l’une et l’autre font deux bandes à part et s’accusent mutuellement de tous les maux de la terre. Quelle absurdité ! Les idéologues aboient, la dictature passe.

Quel est donc le point fondamental qui scinde en deux une vision sinon identique au moins similaire sur les critères cités plus haut ? Certes, la gauche a une démarche collectiviste, la droite a une contenance méritocratique, mais est-ce suffisant pour se mépriser au point de laisser l’ennemi commun prendre et garder le pouvoir ? Pendant que ces deux clans se chamaillent dans une pétaudière débile, le vrai adversaire impose son diktat. Cette situation nous rappelle L'Huître et les Plaideurs de La Fontaine.

Au lieu de créer, non pas une fusion mais une union, les gueux de gauche comme de droite stagnent dans leur impéritie idéologique. Pourtant l’union fait la force. Sans elle, les attractions obscures néoconservatrices mènent la danse macabre. Les deux camps sont maintenus dans un antagonisme quasi artificiel par les sous-marins battant pavillon oligarchique en leurs seins. L’hémicycle en est gavé de ces faux drapeaux. Il faut être bien conscient qu’une union de la gauche et de la droite serait une catastrophe pour les marionnettistes ploutocratiques.

L’union de la gauche est inopérante tout comme celle de la droite. Ces unions partisanes se disputent le bout de gras dans leurs cercles intérieurs. De ce fait, il n’en ressort rien de constructif et de pertinent. Par contre, l’union des deux que nous appelons la Gauchoite (ne pas confondre avec la gauchiotte) serait d’une efficacité redoutable. D’un côté, le peuple dans son ensemble, dans sa diversité, dans sa soif de justice et d’équité, de l’autre, l’élite mondialiste, corrompue, spoliatrice, infecte et délétère. Au regard du nombre que représente l’une et l’autre classe, il serait facile démocratiquement de s’emparer du pouvoir.

Waldeck-Rousseau et ses amis ont bien manœuvré en légalisant le syndicalisme. Ils ont créé sciemment la fragmentation sociétale qui délite l’intérêt commun. Les gueux de l’époque ont été assez bêtes pour se diviser en de multiples cellules impuissantes face aux forces de l’argent. Malheureusement, forts de cette expérience, nous ne faisons pas mieux. Nous entretenons stupidement cette fragmentation au nom de nos idéaux réciproques, plus basés sur des détails et des éléments rhétoriques que sur l’impératif sociétal du bien commun. Et dans notre foire d’empoigne, Perrin gobe l’huître.

Nous devons tenter de faire cette union des intérêts communs. Nous devons bâtir une maison commune, Ty ker en breton où chacun apporte sa pierre à l’édifice. Chacun donne son avis éclairé pour que l’échange d’esprit Platonicien débouche sur un consensus constructif et pratique. La palabre intellectuelle est une chose, l’application de ses axiomes une autre. L’objectif est l’intérêt commun. Il doit être mis en exercice sur le terrain. L’intérêt commun est le but.

Pour les « fréquenter » au quotidien comme à Douarnenez, épicentre de la gauche déconstructive et sectaire, dépourvue d’amplitude créatrice et de vision stratégique positive, nous ne nous faisons aucune illusion sur ce troupeau bêlant. Notre cible est le dialogue avec les gauchistes ayant encore de la réflexion, de la culture, du sens de la valeur « travail », pourvus encore d’une ouverture d’esprit. Il y en a, nous en avons rencontré à Callac, étonnant non ? Le dialogue est donc possible même si ce nombre d’interlocuteurs est infime dans la marée descendante de l’ineptie gauchiste actuelle. Offrons nous une chance de créer un consensus profitable au bien commun.

La gauchoite est au-delà de l’utopie comme l’auberge espagnole. Nous nous restaurons par ce que chacun apporte et partage.