Pourquoi la droite nationale perd tout le temps
La lettre du Duc de Guise
LIBRE EXPRESSION


Le peu d’écho qu’a la droite nationale (DN) malgré tout son éventail d’offres dans les territoires n’est pas une question idéologique, mais une question sociologique. Le droitard nationaliste * est un individualiste. La cause personnelle prévaut toujours sur la cause commune. Le côté timoré petit bourgeois n’est pas à négliger non plus. De l’autre côté de la barrière, la gauche est l’exact contraire. Elle travaille toujours par et pour le collectif. Elle est active et volontaire.
La DN ne s’investit jamais dans des constructions associatives qui pourtant ficellent le local. Il n’y a aucune association à caractère social ou sociétal d’esprit DN. Ce champ a été abandonné entièrement aux forces gauchistes. Elle n’a jamais été capable de construire un syndicat tant patronal qu’ouvrier. Elle a abandonné là aussi ce segment à la gauche. Comment obtenir des adhésions doctrinales quand on est invisible et inactif sur le terrain ? Le résultat dans les urnes est flagrant. Aucune audience ! ou si peu que ceci en est affligeant. Les beaux discours c’est bien, surtout dans les salons, mais ils ne valent rien face à l’offre pratique gauchiste. Cette dernière délivre des réponses concrètes d’ordre social à qui en a besoin. Il faut bien comprendre que les gens n’ont rien à faire des théories politiques plus ou moins fumeuses, ils veulent du réel, de l’efficace pour répondre à leurs difficultés quotidiennes. Qu’offre la DN de palpable aux gens ? Rien, sinon de belles intentions qui n’engagent que ceux qui y croient.
La récurrence de ses défaites ne vient pas de l’extérieur, mais bien de son sein, de sa nonchalance, de son autisme stratégique. Depuis des décennies, la DN croit au ruissellement de la conviction partant de Paris vers la province. La gauche s’est construite à l’inverse. Maillage des territoires pour
construire une base solide où s’édifie une pyramide exécutive. La gauche privilégie les actions locales et les projets fédérateurs. Du bas, ça va vers le haut, sens naturel des choses. La cime de l’arbre n’est là uniquement parce qu’il y a des racines, un tronc, des branches. La DN semble méconnaître ce processus naturel inexorable.
Quand extraordinairement il y a un élu DN, il déçoit systématiquement. Il ne fait pas les choses pour lesquelles il a été porté sur le bouclier de Brennus. Il ne renforce pas le collectif souverainiste dans sa large expression, ne crée pas de dynamique sociétale locale, ne porte pas à bout de bras le social à but patriotique. Il ne favorise encore moins le patrimoine humain de souche. Il n’œuvremême pas pour la sauvegarde de nos valeurs traditionnelles. Au mieux, il exalte les vieux poncifs à présent défraîchis. Au delà, c’est le néant.
La DN perd toutes ses batailles parce qu’elle ne sait pas faire, construire, échafauder un Front de droite. Elle ne sait pas conduire une alliance entre ses différents drapeaux. Elle ne sait pas passer outre la virgule qui sépare un clan de l’autre. Cet esprit de clocher où l’égo n’est pas en reste la tue.
Comment la DN pourrait-elle donc gagner en prestige alors qu’elle n’a aucun élément glorieux local à son actif ? L’avis populaire veut que l’on ne respecte que le respectable. Il n’y a rien de majestueux dans la force de la DN puisqu’elle en est dépourvue. Elle n’attire personne car elle n’est pas, de par son absence sur le terrain, un champ d’attraction. Ses idées, si merveilleuses soient elles, ne restent au final que dans les salons et les cercles privés. Elle ne sait pas faire dans le prosélytisme quotidien. Elle se contente de montrer son visage uniquement lorsque des élections arrivent. Entre deux déculottées, elle reste dans son bercail ruminant son éternelle défaite.
Ce qui manque à la DN, c’est de l’intelligence stratégique, de l’opiniâtreté quotidienne, de la ferveur de ses idées dans l’acte concret journalier. Si le scout veut faire une bonne action par jour, la DN n’envisage même pas l’idée de faire un action constructive, conforme à ses idéaux politiques tous les matins.
La DN n’approche ni ne commente les événements qui meublent et ponctuent la vie locale. Elle ne s’intéressent qu’aux grands moments de sa périphérie, qu’aux épisodes collectifs supérieurs qui finalement sont rares. Le petit travail de fourmi ne lui sied guère. Pourtant il est fondateur. Faire la cigale n’a qu’un temps fugace qui ne bâtit rien.
Dans sa défaite, dans sa rancœur, elle accuse les gens qui ne l’ont pas choisi de tous les maux de la terre. Cette attitude est facile, elle ne mange pas de pain. Pourtant, si la DN veut sortir de sa spirale défaitiste, il lui faudra bien se remettre en cause, réviser ses attitudes, changer de braquet, s’ouvrir aux réalités de terrain. Un bout de pain offert est plus porteur que la promesse d’un panier plein. Il faut qu’elle mette un terme à son aporie tactique.
Quand on va rendre visite à toutes les chapelles nationalistes locales, on est vite las des turpitudes internes. On y trouve toujours un noyau actif, volontaire, créatif très vite muselé par un exécutif de ventres mous au contour couard. Pourquoi les abouliques sont-ils toujours à tête des édifices départementaux et jamais les militants diligents ? Il y a là un mystère que seul Paris connaît.