Pas de vague ! Pas de vague !
NATIONAL


C’est la consigne générale. De quoi ont-il donc si peur ceux qui nous assènent ce mot d’ordre ? Ont-ils la frayeur de se noyer dans un verre d’eau qu’il ne faut pas l’agiter ? Le fait de ne pas envoyer une seule pierre dans la mare politique laisse la surface bien plane, bien amorphe. Sans remous, elle tend à voir les algues de la corruption s’installer et se développer à sa surface. Les libellules de la malversation se posent du coup dessus ce lit fécond. Les moustiques de l’escroquerie y pullulent et l’air devient pestilentiel. La mare s’étouffe et son fond devient putride comme dans le marais Poitevin.
La raison d’être d’un parti politique est justement de faire des vagues pour aérer le liquide sociétal. Il doit apporter des idées nouvelles, corriger les antérieures qui ont failli, bousculer les mauvaises habitudes qui plombent notre société. Faire des vagues c’est intrinsèquement la vocation d’un parti politique de surcroît s’il est un nain dans l’arène publique. S’il ne le fait pas, c’est qu’il s’est couché, c’est qu’il s’est résigné. Il a jeté l’éponge et quelque part, il a trahi ses troupes qui ont cru en lui. Ce parti de la renonciation rejette tout le travail, tous les combats que ses équipes de bénévoles convaincus ont fait sur le terrain. Tous les efforts, tous les sacrifices individuels pour la cause sont jetés aux orties piquantes d’amertume.
Les adeptes du « pas de vague » (qui malheureusement tiennent toujours le haut du pavé de l’appareil politique même en local) méconnaissent le combat sur le terrain, ignorent les causes et les effets psychologiques de la population. Ils ne veulent pas prendre les gants de boxe et monter sur le ring. Ils croient dans leurs illusions de petits bourgeois qu’avec 4 affiches, 2 flyers et quelques communiqués délivrés lors des campagnes électorales suffisent pour se faire connaître et gagner la course au pouvoir. Quelle erreur !
Le pusillanime qui les habite n’a jamais conquis quoi que ce soit. De plus, si un travail de conquête sur les territoires ne se fait pas antérieurement, ils n’ont aucune chance de réaliser leur rêve de pouvoir, si minime soit-il. Lactalis, avant de devenir le troisième groupe agroalimentaire du monde a vu son fondateur commencer sa production avec 25 litres de lait par jour. Ce n’est pas en se conformant aux normes de la bienséance économique de son époque qu’il a réussi. Il a bousculé son secteur d’activité en innovant et en faisant des vagues promotionnelles pour réussir. Tout combat tant politique qu’économique passe par la hargne, par la volonté de vaincre, par l’assurance sans faille de ses convictions.
Le « pas de vague » tue les idéaux. Il participe à la déliquescence de notre société. Il a déjà perdu 50 % des électeurs qui méprisent la banalité des discours, la concordance sémantique des prédicateurs, la même ligne de gestion qui nous paupérise. Le « pas de vague » excède les gens. Ils attendent des gestes quotidiens salvateurs et des harangues dignes d’intérêt. Relayer sans cesse des vieux poncifs inertes même remaniés au goût du jour ne motive plus les gens. Il faut donc jeter non pas un gros caillou dans la mare, mais plusieurs pour éclabousser de vagues rafraîchissantes les électeurs devenus apathiques par tant de politiques désastreuses.