L’INCOMPÉTENCE DU HAUT ASSURE LA DÉFECTION DU BAS

La Lettre du Duc de Guise

LIBRE EXPRESSION

11/8/20234 min read

J’étais complètement avachi dans mon fauteuil Louis XIII, telle la pieuvre sur son rocher, lorsque j’ai réceptionné la nouvelle décevante qui par ailleurs était prévisible depuis fort longtemps. Ainsi au moment où je frôlais la perfection de la gaillarde inutilité existentielle, un oiseau de mauvais augure m’a empêché l’accomplissement de cette apothéose. Un peu courroucé d’avoir été privé d’atteindre cet acte sublime de l’efficience du néant, j’ai activé mon réseau d’oreilles perfides pour en savoir plus sur cette information et le cas échéant me la réfuter. Le retour ne s’est pas fait attendre. Le seul activiste fécond et alerte d’une certaine droite souverainiste locale vient de rendre en effet son tablier à qui de droit.

Pour être honnête, nous l’avons déjà dit plus haut, cette nouvelle est attendue par les experts internationaux finistériens des facéties politiques locales depuis un an, depuis que la démocratie interne a complètement déraillé dans ce parti. Les initiés savent que les groupuscules départementaux de ce segment politique national sont gérés par un huppé banlieusard Lillois modelé par une assoupissante carrière menée au sein de l’ineffable éducation nationale. C’est dire le postulat de compétence qui l’habite. Le personnage confond gestion humaine du monde scolaire très restreint et assujetti aux directives verticales tombant comme un ruissellement d’inepties depuis 55 ans avec celui du vrai monde habité et agité par l’incroyable diversité sociétale qui ne se restreint pas que dans le laborieux livresque et le parasitisme du haut et du bas. Il n’a pas idée de l’ampleur de ce vaste champ humain puisqu’il n’est jamais sorti de son petit monde merveilleux et protégé scolaire. C’est un Tanguy à l’échelle nationale, un éternel hors-sol.

In situ, les adhérents ont un sentiment amer, mais avéré de s’être faits imposer par la voie de la dictature un représentant départemental sorti d’un chapeau pointu de sorcière. Ils n’ont jamais été consultés pour choisir leur représentant local. Ils ne savent pas non plus sur quels critères il a été choisi par le palais de l’Olympe. Payez, vous ne serez jamais considéré, tel est le résumé de cette facette du problème.

Cerise sur le gâteau, les plus performants militants, ceux qui apportaient de la connaissance et de la réflexion géopolitiques ont vu leur travail être dénigrer et affublé de « non valeur ajoutée ». Comme si former les esprits et donner des éléments de méditation pour former à qui veut se façonner un propre libre avis et construit était négligeable et secondaire.

Là où le bât blesse, c’est que depuis 1 an, ce représentant départemental officiel ne fait strictement rien ! Il n’anime rien ! Il n’organise rien ! Il ne communique rien ! Aucune directive n’émane de lui. Il est l’avatar du vide sidéral. Malgré les protestations, les plaintes et les pétitions des adhérents portées aux instances parisiennes qui supervisent en bon esprit Jacobin ce qui se passe dans la France périphérique, il est maintenu dans ses fonctions. Lors des dernières universités de ce parti, la voix de l’ineptie assure dixit « qu’il fait correctement le travail ». De quoi décontenancer le moins exigeant des moutons de la troupe située au Penn ar bed. On se demande sérieusement s’il y a une intelligence dans le bureau politique qui ressemble en fait plus à un cartel de margoulins qu’à un conseil d’administration soucieux de la progression de ses parts de marché.

Ce mépris parisien envers la volonté des adhérents finistériens a initié une vague de défection. Les gens rendent leurs cartes ou ne renouvellent pas leurs adhésions. Même les généreux donateurs ferment leur bourse. Le phénomène fait désordre et affecte considérablement les rares actifs de ce mouvement. Ils sont las d’œuvrer en clandestinité, sans moyen ni aval, de ne pas être reconnus pour leurs actions et initiatives qui sont (dans la factualité des choses) des faits parallèles. La gouvernance parisienne déconne complètement. Certains avisés disent que c’est le but recherché, celui de tuer les énergies souverainistes réelles par cette seconde barrière filtrante. Cette dernière est mise en place pour endiguer l’émergence émancipatrice. Du faux drapeau à l’état pur.

On peut spéculer longtemps sur ce thème, toujours le chef de file local de ce courant actif militant, toujours sur la brèche, toujours sur le terrain, toujours créateur d’événements et d’actions, épuisé par les sermons et autres frappes sur les doigts venus par l’improvisé DRH nordiste vient de démissionner. Il n’apprécie plus les fessées cul nu que lui inflige depuis Mai dernier ce superviseur se prenant pour Mercure, mais qui n’a pas les sandales ailées pour satisfaire la fonction.

Au final, le Finistère souverainiste est orphelin. Il vient de perdre son père aimant qui le dirigeait de main de maître avec courage et abnégation. De ce vide abyssal soudainement créé, la gauche s’en réjouit déjà.

Quelles leçons peut-on tirer de cette histoire bien pathétique ? Quand on est un parti politique relégué à la troisième ligue et qu’on veut rejoindre celle des champions, il faut avoir aux postes clefs des personnes compétentes pour assurer brillamment les missions. Il faut avoir des esprits lucides et bien formés pour recruter et accompagner les énergies fulgurantes des terroirs pour atteindre cet objectif de montée en division. Il faut savoir aussi écouter les voix locales, les volontés provinciales en adéquation avec les dogmes du parti pour faire avancer les causes communes. Faire son gauleiter du fin fond de ses brumes nordiques qui réduisent naturellement en un profond strabisme la capacité des vues stratégiques politiques n’est pas du meilleur bon aloi. On peut légitimement se demander si ce personnage artificiel s’identifie à un deus ex machina. Toujours, il est surtout issu de la génération spontanée de la compétence non prouvée qui n’a lu ni Machiavel ni Sun Tzu tant il est aussi efficace qu’une plaque d’égout un jour d’orage.