L’État vous espionne depuis longtemps

NATIONAL

7/22/20232 min read

Un projet de loi discuté actuellement au sénat porte sur l'orientation et la programmation du ministère de la Justice 2023-2027. Les palabres portent sur certaines enquêtes judiciaires.

Parmi les mesures les plus contestées par le Conseil de l'Ordre des avocats, l'article 3 dispose que certains magistrats tels que le juge d'instruction ou le juge des libertés et de la détention peuvent prononcer un recours à « l’activation à distance d’un appareil électronique à l’insu ou sans le consentement de son propriétaire ou possesseur aux seules fins de procéder à sa localisation en temps réel ». Ce fameux article 3 a été avalisé par le Sénat le mercredi 7 juin. Les Sénateurs, notamment les LR, se félicitent de leur modification calendaire. En effet, le texte initial prévoyait d'autoriser le juge à recourir à l’activation espionnite pour des infractions punies par 5 ans d'emprisonnement. Ils l’ont porté à 10 ans. Quelle avancée fondamentale !

Ces beaux messieurs semblent méconnaître que certains services de police utilisent depuis fort longtemps la mise sous écoute certaines cibles. Il n’y a pas que les bandits qui sont pistés. Il y a aussi tous les opposants politiques et certains devinés de déviances fiscales. Encadrer légalement ces dispositions ne va pas révolutionner les pratiques actuelles.

Depuis Clemenceau et ses brigades du Tigre, les services espionnent les gens avec la technologie en vigueur. A leur époque, sous couvert du Carnet B, les télégraphes et plus modestement les téléphones encore rares dans ces temps de la course aux anarchistes étaient sous « écoute ». Dans les années 80, la NSA avec son programme ECHELON espionnait les téléphones filaires, les télex, les fax et les mails dans ces premiers balbutiements des ordinateurs personnels.

Puis vint les téléphones portables. Beaucoup de malfrats se sont fait arrêtés à cause de la géolocalisation de leurs téléphones. Nous n’étions toujours pas à l’heure du smartphone. Depuis l’avènement de ce dernier, l’espionnage est constant. Avec les avancées technologiques, l’espionnage se fait diligent, c’est à dire que les services tant publics que privés activent votre smartphone à loisir. Ils pistent votre navigation numérique. Chaque utilisateur est fiché et alimente un data incluant son rythme de vie, sa santé, ses finances, ses aspirations.

Pour en revenir à cette légalisation de ce fouille merde dorénavant légal, Éric Dupond-Moretti se satisfait de l'adoption d'un autre amendement. Celui-ci permet de prolonger les délais d'une enquête préliminaire, sous certaines conditions. L'encadrement législatif de cet surveillance générale déjà largement usitée de manière informelle se prétend focalisée sur le crime organisé, à la délinquance et au terrorisme. Dans l’acte, nous savons bien qu’il leur faudra simplement avoir des soupçons réels ou fictifs sur une personne pressentie complotiste, extrémiste, réfractaire au gouvernement pour être sous écoute.

Au nom de la sécurité nationale, un certain Patriot act voit le jour en France. D’ailleurs, l'Observatoire des libertés et du numérique (OLN) dénonce non sans fondement une « surenchère sécuritaire ». En attendant, les juges d'instruction aux ordres de l’oligarchie, toujours en liaison avec les services de surveillance du territoire recourront à l'activation, à l'insu d'un individu, de son micro et de sa caméra dans le cadre du déroulement de l'enquête, sans pour autant procéder à des retranscriptions et ce, en toute légalité.

L’étau de la dictature se resserre sur la liberté et la libre pensée. Le temps des catacombes revient à grand pas.