Les fourberies de s’pantin.

Macron au Gabon

INTERNATIONALLIBRE EXPRESSION

7/27/2023

La COP 27 de Charm-el-Cheikh, ce rendez-vous qui parle beaucoup et génère encore plus de CO2 a produit un résultat tangible : fixer la date de la prochaine réunion. Cet objectif s’est incarné par le « One Forest Summit » qui a également beaucoup parlé et généré encore beaucoup de CO2 a produit un résultat tangible : la fixation du prochain rendez-vous qui se passera… à Paris en juin de cette année.

Pendant que notre présipantin s’en va à Brazza embrasser son mentor, à Luanda tripoter Joao, à Kinshasa où le goudron et les plumes de la population l’attendent, tout ça pour faire la promotion d’un nécessaire soutien des pays d’Afrique Centrale pour l’engagement militaire de l’OTAN contre la Russie et la Chine, revenons un peu sur le « one forest summit » ou plutôt sur ses fondements et sur leurs significations.

Foin des discours unijambistes, sirupeux, commisséreux, (oui, je sais, c’est un néologisme et pas une faute d’orthographe, on s’en fiche). On ne parlera pas de la posture présipestillentielle sur l’humilité, la fin de la françafrique, « on va se parler d’égal à égal » et touci et de touça. On s’en fiche aussi, parce qu’on veut rester poli.


Le OFS a promis 100 millions d’Euros pour la protection des forêts.

Ces sommets, ces machins, à qui ça rapporte ?

Ces cent millions de boules là, qui va les empocher ?

Comment et quand ça va être dépensé ?

Pour faire quoi ?

Des sommets ? En quoi et quoi que ça va rapporter aux populations forestières ?


En gros, ce fric qui a toutes les chances d’être dépensé de la même manière que ce qui se fait avec le fric de l’aide au développement va produire exactement les mêmes résultats : prendre l’argent des pauvres des pays riches pour le donner aux riches des pays pauvres. Ca tombe bien, y’en a de plus en plus des deux côtés dans les pays concernés.


Quelque soit la manière, y compris et surtout quand ça se fait via les ONG.


Mais qu’importe. Passons. Finalement, la question n’est même pas là.


Que signifie, je dirais presque, philosophiquement, politiquement le concept de ce sommet à Libreville ?


Puisque, jusqu’ici, vous avez été sage, une image :

Le type qui est à côté de Lee White est un sombre inconnu dont il est inutile de parler.

En revanche, celui qui le guide est écossais, ministre Gabonais en charge de la forêt, de sa conservation. C’est lui qui entretient le flux ininterrompu des financements aux ONG de conservation au Gabon et en Afrique Centrale en général.


Adulé par le réseau des ONG escrolos bien-pensantes, il contribue à défendre le développement de la bio-diversité. Des médailles en chocolat (bio et commerce équitable) devraient bientôt orner sa poitrine. Sa grande passion, les éléphants dont le nombre et la croissance sont si importants qu’ils arrivent à cacher une autre réalité : les éléphants, ça détruit, ça tue. A l’aide des ONG que nos sociétés de blancs financent, encouragent, soutiennent. La fin du monde néo-colonial ? Vraiment ?


La protection totale : durable ?


Dans les années 90, au Togo, on observa un phénomène intéressant. Eyadema père (le père de l’actuel président Faure) avait la marotte de la faune sauvage et de la conservation totale. Il faisait régner une terreur au tout petit chasseur qui allait chercher sa pitance dans la forêt comme ses ancêtres d’avaient fait avant lui. Les actes des milices gouvernementales chargées de la protection furent cachées aux opinions publiques mais on reportait régulièrement la disparition violente de ces petits chasseurs braconniers que le pouvoir traitait alors comme des terroristes.

Suite aux conférences souveraines, le Togo entra dans une phase de troubles sociaux et politiques et il apparu alors que le pouvoir central était affaibli. Réalisant la faiblesse du pouvoir, sa fragilité, les populations riveraines des parcs nationaux entrèrent dans les parcs et profitant d’une faune qui avait oublié la dangerosité de l’espèce humaine et qui avait une distance de fuite très réduite, les paysans massacrèrent tout ce qu’il purent. En quelques jours, les parcs virent leur population de grande faune se réduire de 60%. Ce qui ne fut pas tué fuit vers le Ghana ou le Bénin voisins.


L’exaspération des paysans Gabonais envers un pouvoir qui loin d’être le champion de l’écologie que les experts en communication veulent bien nous laisser voir laisse présager de jours bien sombres pour la paix dans ce pays.

Officiellement, les dégâts causés par les éléphants sont remboursés par une caisse gérée par le ministère des eaux et forêts, dont le ministre est sur la photo.

Dans les faits, quand une bananeraie, une parcelle est attaquée par les pachydermes, jamais aucun paysan n’est indemnisé, ou si rarement. La conservation à outrance que subissent les populations rurales ou plutôt forestières (d’après le dernier recensement du pays, on comptait un peu plus de 350.000 personnes dans le pays, soit 15% de la population environ qui vivaient dans le « monde rural », principalement dépendant de la forêt dans lesquels ces familles tentent de survivre avec une agriculture extensive, itinérante qui n’est pas, elle non plus exempte de critiques ou d’améliorations.

Dans certains départements, les éléphants sont plus nombreux que les paysans et on voit, par-ci par-là des villages abandonnés à cause de l’insécurité occasionnée par les éléphants. On enregistre des morts écrasés par ces monstres. Depuis cinq à six ans, les attaques des pachydermes envers les paysans se sont accrus. Rien dans la presse, rien sur les réseaux sociaux. Dans le monde entier, les escrolos sont heureux, le Gabon est le bon élève en matière de conservation.


La photo ci-dessus à causé un émoi dans le pays d’Ali Bongo Ondimba. Alors que prési-baratineur annonçait la fin de la Françafrique et la politique de l’humilité, la fin du colonialisme, les faits trahissent la parole, encore une fois, notre prési-théatreux est pris en flagrant délit de mensonge, de travestissement, de trahison.


Les quelques paysans du Gabon sont encore une fois de plus ignorés, passés à la trappe. L’éléphant est sauvegardé, au nom de nos valeurs de blancs satisfaits de voir qu’un problème simple vient d’être résolu de manière simple, simple comme un sommet sur la forêt.

La comm, la comm, toujours la comm.


Et si on prenait encore une fois le temps de penser que les problèmes environnementaux sont tout sauf simples, que les solutions qu’on promeut sont souvent simplistes et qu’elles ne contentent que les experts en communication, mais que sur le terrain, des gens qui n’ont pas accès aux canaux de communication sont exclus, ignorés, invisibilisés et que les solutions formulées vont à l’encontre même de leurs intérêts vitaux, de leurs vies, celles de leurs enfants.

Et si on prenait le temps de penser qu’il existe des gens dans la forêt dont l’activité économique nourrit des enfants et que les politiques que nous finançons contribuent à leur pauvreté, augmentent leur vulnérabilité face aux risques auxquels ils sont soumis quotidiennement ?


Le décalage croissant entre les représentations de l’Afrique par les occidentaux et les réalités vécues par les populations va se poursuivre encore pendant combien de temps ? Les récents messages de sécession des pays Sahéliens à la France ne semblent pas avoir été entendus. Les graines d’irrespect que les politiques de conservation financées à coup de bons sentiments et de bonne conscience risquent un jour d’éclore dans le paradis d’Afrique Centrale et nous jouerons encore une fois les étonnés de la violence que des populations jusqu’ici pacifiques déchaîneront contre notre présence sur place.


Scénario, mécaniquement, désormais inéluctable.