Le tourisme de croisière : Opportunité ou désastre ?
FINISTÈRE


Quand arrive une nouvelle donne économico-sociale, on ne peut pas se dérober en se cachant derrières des poncifs d'arrière-garde. Il faut garder de l'objectivité pour appréhender une nouvelle affaire. Il faut rester neutre pour déterminer si le cas qui nous intéresse présentement, soit le croisiérisme, est un problème ou une solution.
Comme les principales parties concernées sont avares en information, nous ne pouvons pas en extraire la quintessence de leur approche économique sur ce dossier. On sait que l'office de tourisme et l'association des commerçants de Douanenez ont collaboré et projeté des plans, mais aucun chiffre ni propective tanguible ne transpirent de leur laboratoire d'étude de marché. Ce qui est dommageable pour la compréhension de l'événement qui soulève les passions.
Quelques considérations : Le marché du tourisme de croisière reste dominé par la clientèle nord-américaine à hauteur de 52%. La part européenne est de 23%. La tendance actuelle est que la clientèle des pays émergents envahit les ponts des paquebots. Il y a donc là un créneau pour les villes potentiellement réceptrice de ce tourisme particulier pour capter des devises. En outre, développer des villes comme Douarnenez pour réceptionner ce flux touristique détourne l'attention du croisiériste qui lorgne sur les Caraïbes qui représentent 34% du marché. Vaut mieux que ce soit la Bretagne qui rafle la mise touristique que l’Amérique centrale.
Le croisiériste MSC fait construire ses navires à Saint-Nazaire, ce qui participe au maintien de l'emploi dans cette ville et sa santé économique. Le marché de la croisière en Europe (compagnies de croisière et chantiers navals compris) génère près de 315 000 emplois et plus de 37 milliards d’euros de chiffre d’affaires, en progression de 31% depuis 2007.
Les croisiéristes sont sous la surveillance du Cerema, établissement public sous la tutelle du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Il recueille les bonnes pratiques et corrige les mauvaises en matière de :
lieux d’accueil des bateaux de croisières
coopération entre les acteurs locaux en lien avec les escales
organisation du transport des passagers en escale
conditions d’accès aux modes de transports, dans le port et dans sa proximité
les stratégies portuaires en lien avec le développement du marché des croisières comprenant les perspectives de développement de ce segment.
L’impact écologique
L’accueil des croisiéristes fait par certains Douarnenistes fut vraiment contre-productif à plusieurs égards. En terme d’image de marque, les étrangers qui composent l’essentiel de ce tourisme n’ont que peu apprécié cette bienvenue. Ils s’en sont plaints à leur voyagiste et à l’heure d’internet et des réseaux sociaux où tout est dit et commenté, ils ne recommandent pas Douarnenez comme ville étape. De ce fait, ils n’ont pas vécu leur journée touristique sereinement et contrariés, ils n’ont pas fait leurs emplettes ordinaires, ce qui est préjudiciable pour l’activité économique de la ville avide de nouvelles sources de recette pour se maintenir en vie. Sachant qu’un croisiériste dépense 101 euros en moyenne à chaque escale, la perte économique est notable. Dans un contexte de déclin d’activités commerciales, c’est très préjudiciable.
Dans un projet touristique bien pensé, tout le monde périphérique est gagnant. Les restaurants, les bars, les commerces, les producteurs locaux, l’artisanat, les centres culturels et l’emploi inhérent à ce regain d’activités sont les bénéficiaires de ce bonus inatendu. Depuis le quai où il débarque jusqu’aux commerces et aux lieux de visites, le croisiériste doit garder un bon souvenir de son escale. Pour se faire, il faut que la ville soit attractive avec une offre à large éventail bien conçue en amont pour satisfaire tous les goûts, toutes les curiosités. L’accueil se traduit également par le déploiement de dispositifs facilitant des déplacements le temps de l’escale. Il s’agit donc de mise à disposition de véhicules (bus, taxis, calèches pour l’Intra Muros ...) pour allez à Locronan, la Pointe du Raz, Quimper etc. Là aussi, c’est un regain d’activité pour les compagnies de transports.
Prenons un seul exemple : Le MS Fridtjof Nansen mesure 140 mètres de longueur, 24 mètres de largeur et a une capacité d’accueil de 530 passagers. C'est pas un monstre qui bousille la nature. Potentiel économique limité donc, mais qui correspond tout de même, si nous sommes pessimistes à seulement 50 euros par croisiériste, un petit montant de 26 500 euros de rentrée d’argent dans la ville et un billet pour la capitainerie. Est-ce négligeable dans notre contexte de déclin économique ? De plus, le croisiériste n’a aucun impact sur l’offre locative. Il n’incite pas les loueurs à privilégier la location saisonnière largement plus rentable que la location annuelle ou les non-payés sont légion et les dégradations légendaires.