La droite aux européennes : « Je crains un conflit fratricide »

NDA

NATIONAL

10/1/20233 min read

À quelques mois des élections européennes, plusieurs candidats sont déjà déclarés, à droite : Jordan Bardella pour le RN, Marion Maréchal pour Reconquête, mais aussi Florian Philippot, qui plaide pour une liste souverainiste anti-système. À ce dernier, Nicolas Dupont-Aignan a adressé un message d’amitié lors de sa rentrée, le samedi 2 septembre, à Arras, devant 1.600 militants. Où se situe le président de Debout la France et quel rôle veut-il jouer ?

Jordan Florentin. Plusieurs candidats sont déjà déclarés à droite pour la course aux élections européennes : Jordan Bardella, Marion Maréchal ou encore Florian Philippot, à qui vous avez adressé un message d’amitié lors de son meeting de rentrée. Quelle sera votre place ?

Nicolas Dupont-Aignan. Debout la France a annoncé depuis longtemps une liste gaulliste pour une Europe des nations et des projets concrets en juin prochain. Cette multiplication des listes Philippot, Marion Maréchal, Bardella et Debout la France me paraît être une folie. Mais le temps n’est pas encore venu à une union éventuelle avec les uns et les autres, car les projets ne sont pas connus. Le 30 septembre prochain, à Debout la France, nous arrêterons notre projet européen, car l’élection européenne n’est pas simplement un sondage sur les formations politiques. L’élection européenne doit accoucher d’un vrai débat devant les Français sur la construction européenne. Doit-on continuer avec l’Union européenne ? Comme Jordan Bardella ou Marion Maréchal, prend-on acte que l’Union européenne restera comme elle est et qu’il s’agit simplement de peser un peu plus en son sein ? Ou bien va-t-on vers le Frexit, comme Florian Philippot ? Ou encore, faut-il trouver une voie intermédiaire dans la renégociation des traités pour garder le meilleur de l’Europe et retrouver notre liberté nationale ?

Je voudrais qu’on revienne aux fondamentaux : les projets. Et lorsqu’on connaîtra les projets de chaque parti, on verra s’il y a des possibilités d’entente. Il s'agit d'éviter une multiplication de listes qui ne serait pas comprise par nos électeurs.

J. F. Comme Florian Philippot, défendrez-vous l’idée d’un Frexit ?

N. D.-A. Le Frexit fait peur aux Français. Pour moi, il n’est qu’un moyen parmi d’autres. Avec Florian Philippot, je partage un constat : l’Union européenne est devenue une prison et un danger. Mais faire uniquement campagne sur le Frexit serait une erreur, car c’est une procédure, un divorce. Or, on n’est jamais enthousiaste avec un divorce. On propose aux Français qu’il y ait une articulation entre la nation et une évidente coopération européenne. Je trouve qu’on est dans des caricatures : soit le Frexit brut, soit la conversion à l’Union européenne du RN et de Reconquête.

Entre l’acceptation des règles de l’Union européenne, qui pour moi est une folie, et, de l’autre côté, le Frexit, il faut trouver un compromis. Les Français sont européens mais détestent l’Union européenne. Je pense qu’on doit en finir avec l’Union européenne mais qu’on doit être capable de poser une architecture nouvelle. C’est tout l’enjeu de notre journée du 30 septembre. Avant de faire cette course de petits chevaux, je pense qu’il est nécessaire de préciser les projets. Je veux comprendre ceux des autres. Est-ce que Jordan Bardella rompt avec le projet de Marine Le Pen ? Est-ce que Marion Maréchal n’a qu’un projet civilisationnel sur l’immigration ? Est-ce que Florian Philippot, au-delà du Frexit, est prêt à construire quelque chose pour remplacer l’Union européenne ? Ce sont de vraies questions qui intéressent les gens.

Quand les projets seront connus, j’espère que le temps du bon sens viendra pour se rassembler au maximum et éviter la dispersion des voix.

J. F. Craignez-vous que cette dispersion des voix, si elle a lieu, ne favorise la NUPES et lui permette d’arriver en tête ?

N. D.-A. Je crains surtout une abstention massive si chaque parti et chaque leader fait de l’élection européenne un simple sondage de sa popularité. Je crains une désaffection complète des Français si chaque chef de parti veut que sa boutique se mesure aux autres. Je crains un conflit fratricide entre Marion Maréchal et Jordan Bardella. Je ne veux pas, non plus, de conflit avec Florian Philippot. Donc, ma ligne est très claire : aujourd’hui, Debout la France a une liste. Nous préparons un projet sérieux. Quand ce projet sera élaboré, nous regarderons les autres projets et nous verrons si nos partenaires ont envie de travailler pour éviter la dispersion des voix.