Extrait de la conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 30 août 2023

INTERNATIONAL

9/6/2023

Le sommet du G20 aura lieu les 9 et 10 septembre à New Delhi (Inde). Sur ordre du Président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine, la délégation russe à cette réunion sera dirigée par le Ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Il est prévu que le ministre intervienne lors de deux sessions plénières de la rencontre à venir des dirigeants: le 9 septembre lors de la session "Une seule planète", axée sur les questions de développement durable et de croissance économique stable; le 10 septembre sur le thème "Un seul futur", avec un accent sur les tâches clés en matière de démocratisation et de renforcement du rôle des pays de la majorité mondiale dans les institutions économiques mondiales, ainsi que sur la mise en œuvre de la transformation numérique. Des rencontres bilatérales et des contacts de Sergueï Lavrov sont prévus "en marge" du sommet.

Nous notons le caractère unificateur de la présidence indienne au sein du G20 mettant le cap sur la promotion des intérêts des pays en développement et sur la création d'une atmosphère constructive au sein du forum. Nous saluons la décision attendue lors du sommet d'inclure l'Union africaine parmi les membres permanents du G20. La Russie a été l'une des premières à soutenir cette initiative et à contribuer à sa mise en œuvre pratique.

Le potentiel productif du G20 est actuellement artificiellement freiné par la ligne de confrontation de l'Occident collectif . Une tension particulière est créée par les constantes infox antirusses et antichinoises des États-Unis et leurs alliés, surtout en ce qui concerne le dossier ukrainien. Nous appelons cela "l'ukrainisation" de l'agenda international - une réticence à voir les problèmes réels liés à la crise ukrainienne, les raisons de son apparition et les moyens de la résoudre. Mais en même temps, l'implantation de ce sujet partout et en tout lieu, même là où la discussion ne devrait pas le concerner.

Des tendances inquiétantes se développent, dues aux tentatives de l'Occident de dévaluer le principe de prise de décision par consensus au sein du G20, et d'extrapoler sur les obligations de ce forum des accords G7 douteux. Les Anglo-Saxons élaborent différentes "vacheries".

Au cours du sommet, nous avons l'intention de promouvoir des approches fondamentales des problèmes de réalisation des objectifs de développement durable et aux défis clés dans ce domaine, provoqués par les sanctions de l'Occident qui ébranlent l'économie mondiale, et inspirent des actes terroristes, des conflits et la rupture des chaînes d'approvisionnement. Nous partagerons nos évaluations des risques de "verdissement" accéléré de l'économie, en particulier pour les pays les plus vulnérables du monde. L'Occident a réussi à politiser à l'extrême même le sujet de l'écologie. Cela se fait non seulement sans réflexion, mais aussi de manière nuisible, car sa position n'a pas de base scientifique.

Nous exposerons en détail nos points de vue sur la nécessité de réformer le système de gouvernance économique mondiale à la lumière de l'émergence d'un ordre mondial polycentrique et de la redistribution des forces de production en faveur des pays en développement, en opposition aux sanctions unilatérales arbitraires et illégitimes de l'Occident. Nous chercherons à obtenir des décisions réfléchies dans le domaine de la transformation numérique, de la réduction des risques en matière de sécurité énergétique et alimentaire, et de la mise en œuvre des voies de transition énergétique optimales.

Nous accorderons une attention particulière à la confirmation du statut de la Russie en tant que fournisseur fiable et garanti de ressources énergétiques et de produits d'exportation, aux propositions spécifiques de la partie russe pour étendre la coopération multilatérale, notamment sur la base de la mise en œuvre du Grand partenariat eurasiatique.

Nous sommes déterminés à contribuer par tous les moyens au succès du sommet de New Delhi et à l'efficacité de la présidence indienne dans l'ensemble. Nous comptons sur une approche tout aussi responsable de tous les autres membres du G20, en particulier de ceux de la périphérie occidentale.

Avec un large cercle de pays partenaires amis au sein du G20, en nous appuyant sur les pays des Brics, nous nous opposerons activement à tout processus néfaste à cet égard.

Sur des informations du journal Dagens Nychetr concernant la fourniture d'équipements suédois à double usage à Kiev

Nous avons prêté attention aux informations parues dans les médias suédois sur les livraisons de terminaux Internet haut débit à Kiev par la société locale Satcube. Il est rapporté que ces technologies pourraient devenir une alternative aux appareils Starlink. Satcube affirme que les terminaux seront utilisés exclusivement à des fins civiles. Naturellement, le régime de Kiev est une organisation "pacifique", un club d’amateurs du néonazisme. Les hommes d'affaires suédois "pacifiques" leur fournissent de l’équipement civil pour "jouer à Tetris" et rien de plus.

Parlons sérieusement de ce que c'est et dans quel but. L'entreprise suédoise ne nie pas que ses produits sont à double usage. Elle n'envisage pas d'introduire de restrictions sur l'utilisation de ses équipements et ne voit pas d'inconvénient à ce que ces technologies soient finalement utilisées à des fins militaires, notamment pour assurer la communication sur le terrain.

Nous y voyons un nouvel exemple de la duplicité et du caractère criminel de l’Occident: les technologies présentées par les Suédois comme des technologies "pacifiques" seront utilisées par Kiev pour coordonner les opérations militaires. Nous considérons cette démarche comme hostile, allant dans le sens d’autres actions russophobes odieuses. Tout cela, bien sûr, pour complaire aux États-Unis et sous leur supervision directe.

Je voudrais souligner que les systèmes de communication Internet occidentaux en orbite basse constituent depuis longtemps une menace pour tous les États. Leur principale caractéristique - l'accès direct des internautes aux satellites contournant les opérateurs nationaux - est largement utilisée pour s'ingérer dans les affaires intérieures des pays indépendants. À savoir: pour la propagation incontrôlée de la désinformation occidentale et l’organisation de protestations illégales. Comme en témoigne l’utilisation des terminaux Starlink pour coordonner les manifestations antigouvernementales en Iran à l’automne 2022.

Les Suédois, en annonçant des livraisons à l'Ukraine, entendaient apparemment montrer l'efficacité de leurs terminaux Internet. En fait, ils ont involontairement dévoilé le double usage de leurs technologies, principalement à des fins militaires. La Russie prendra des mesures de rétorsion appropriées.

Sur la situation sur le marché mondial des céréales

Aujourd’hui, je voudrais souligner deux concepts qui, ces dernières années, ont été introduits dans le narratif occidental (l’opinion publique, les évaluations politiques, en tant que concept imposé), comme on dit, par les médias contrôlés par Washington, Londres et Bruxelles.

Tout d’abord, je voudrais parler de la situation sur les marchés mondiaux des céréales et des produits alimentaires. Qu’est-ce qu’on nous a dit il y a un an? Et pas seulement à nous, mais au monde entier? Qu’il fallait sauver les pays les plus pauvres de la faim, lutter pour que les gens cessent de mourir de faim et, en général, renforcer la sécurité alimentaire. Pour cela on a besoin des "accords sur les céréales", comme ils les appellent. Ensuite, cela a pris une certaine forme civilisée de "l’initiative de la mer Noire", est devenue un "paquet" d’accords, et ainsi de suite. Lorsque toute cette mystification a été révélée, il est devenu clair que tous les efforts de la Russie pour mettre en œuvre ce qui a été convenu sur le papier étaient vains, car ils sont bloqués par l'Occident et, en général, par ceux qui s'enrichissent grâce à cela. Lorsque la Russie s’est retirée de toute cette "histoire", une monstrueuse campagne médiatique a été lancée, affirmant qu'en raison des actions de la Russie, les prix des denrées alimentaires avaient "grimpé en flèche" et qu'il n'était en aucun cas possible de "sauver" les pays les plus pauvres. Naturellement, Moscou en était responsable. C’est le premier sujet auquel je voudrais consacrer suffisamment d’attention aujourd’hui.

L'évaluation de la situation sur les marchés céréaliers mondiaux après la dénonciation de l'Initiative de la mer Noire nous permet d'affirmer avec certitude l'absence de fluctuations brusques et cardinales des prix des produits céréaliers dans le monde.

Immédiatement après la dénonciation par la Russie de l'Initiative de la mer Noire, le 17 juillet 2023 les prix du marché du blé ont légèrement augmenté. Cependant, dans les jours suivants, le coût d'un contrat à terme sur les céréales est revenu à son niveau initial et a même diminué: sur le Chicago Mercantile Exchange - de 1,13%, à 261 dollars la tonne. Fin août 2023, cette tendance a été également confirmée par d'autres plateformes commerciales occidentales, où le prix de la tonne de blé a été fixé dans une fourchette de 250 à 255 dollars la tonne.

Une tendance similaire est affichée par les prix mondiaux du maïs. Le 17 juillet 2023, suite aux résultats des enchères, le prix de maïs a diminué de 1,51%, à 199 dollars la tonne. Sa valeur d'échange actuelle est de 188 dollars la tonne.

Dans l'ensemble, les indicateurs agrégés de prix sur les principales catégories de produits agricoles sont comparables avec le niveau de 2021. Selon les statistiques du ministère de l'Agriculture de Russie, le prix mensuel moyen d'une tonne de blé fournie selon Free on Board (cette règle signifie que les marchandises doivent être amenées au port de destination par l'expéditeur et chargées sur le navire, après quoi tous les risques pendant le transport et la livraison ultérieure sont transférés à l'acheteur) de Novorossiïsk en août 2023, s'élevait à 249 dollars la tonne, ce qui est inférieur au prix de la même période il y a deux ans - 284 dollars la tonne (je souligne cela il y a 2 ans). Les achats Free on Board de Rouen français - 252 dollars la tonne contre 295 dollars la tonne en 2021. Ma question est la suivante: ces chiffres sommes-nous les seuls à voir? Sont-ils classifiés et cachés à la communauté mondiale? Non. Ils sont accessibles. La deuxième question est de savoir où sont tous ces journaux occidentaux, ces publications internet, ces télévisions? Où sont-ils tous ? Pourquoi n’opèrent-ils pas avec des données accessibles à tous ceux qui souhaitent comprendre la situation? Pourquoi écrivent-ils le contraire?

Selon les prévisions des experts, les valeurs des cotations des céréales à moyen terme pourraient être sujettes à une légère volatilité en raison de nombreux facteurs. Tout d'abord, parmi ces facteurs, les phénomènes naturels associés au changement climatique (sécheresses, ouragans, inondations), ainsi que les actions spéculatives sur les marchés des changes sectoriels, et le troisième facteur sont les situations d'urgence (incendies de silos à grains en France et en Turquie en août 2023 ).

Selon les estimations du Conseil international des céréales, présentées lors de la 58e session du Conseil international des céréales le 14 juin 2023 à Londres. (Nous n’avons pas de renseignements. C’est une information ouverte au public). Actuellement, il n'y a pas de phénomène de crise mondiale dans la production de céréales et leur commerce. Ma question est la suivante: où sont tous les journalistes étrangers (américains, britanniques, français, allemands et canadiens) qui écrivent sur le thème de la sécurité alimentaire? Sommes-nous les seuls à voir et à lire cela? Par ailleurs, le Conseil international des céréales a constaté une baisse rapide des prix mondiaux par rapport à la saison précédente: pour le blé - de 35%, le maïs - de 26%, l'orge - de 41%.

Tout cela prouve le caractère infondé des allégations selon lesquelles l'opération militaire spéciale en Ukraine, ainsi que la dénonciation de l'Initiative de la mer Noire auraient conduit à une augmentation radicale des prix des denrées alimentaires, et la Russie serait la principale responsable des turbulences sur les marchés alimentaires mondiaux.

Je reconnais que la Russie est devenue un facteur vraiment gênant dans cette "histoire" alimentaire, or pas maintenant, mais il y a une dizaine d'années, lorsqu'elle a relancé son agriculture. C’est à ce moment-là qu’on a commencé à avoir des problèmes avec la Russie. Nous sommes devenus non seulement compétitifs, mais aussi leaders dans ce domaine. Depuis des décennies, on nous disait que nous étions incapables de produire de la nourriture. Nous n'en avons pas besoin, car nous serons bientôt acceptés dans le club "civilisé" et serons nourris selon leurs "horaires" et non quand nous voulions manger nous-mêmes. Dieu merci, nous nous sommes réveillés à temps et sommes rapidement entrés dans le club des vrais leaders de la production de produits agricoles. Et c’est ici que les vrais problèmes ont commencé pour l’Occident. Pas seulement parce que nous avons fait quelque chose de mal. Ils ont des problèmes avec l'idéologie. Ils ne pouvaient pas permettre cela, même dans leurs pires rêves. Ils sont exceptionnels.

Dans la campagne de désinformation active des États-Unis et de leurs satellites, nous voyons des tentatives visant à évincer la Russie du marché alimentaire mondial, tout en procurant un avantage à ses propres grandes entreprises agricoles. Et toute cette hystérie qui dure depuis un an autour des céréales et des accords sur les céréales, "l'aide" de l'Occident aux pays les plus pauvres n'est déployée que dans un seul but: diminuer sous les yeux de la "communauté mondiale" notre attractivité en tant que producteur et fournisseur fiable de produits agricoles afin de contrôler cette zone et de continuer à essayer de le faire afin de prolonger une fois de plus leur domination. Tout est banal. Je dirai ce qui aurait dû être dit il y a longtemps. Il est impossible de nourrir notre planète sans la Russie. Contrairement aux États-Unis et à d’autres pays occidentaux, nous n’avons jamais utilisé cela comme un facteur politique. Nous avons toujours été un fournisseur fiable, y compris en produits agricoles.

Selon les prévisions, les principaux fournisseurs de blé en 2022/2023 seront la Russie (45,5 millions de tonnes), les États de l'UE (35 millions de tonnes), l'Australie (28,5 millions de tonnes), le Canada (25 millions de tonnes), les États-Unis (21 millions de tonnes) et l'Ukraine (14,5 millions de tonnes).

D'après le ministère américain de l'Agriculture, environ 800 millions de tonnes de blé seront récoltées au cours de l'année agricole 2023/2024, soit un peu plus que l'année agricole 2022/2023 (788,5 millions de tonnes). Dans le même temps, les stocks mondiaux de cette culture agricole en 2023/2024 augmenteront de 1,5% pour atteindre 270,1 millions de tonnes. Des volumes de production importants contribueront à augmenter le commerce mondial du blé de 0,8%, à 215 millions de tonnes. On s'attend à ce que la Russie augmente l'offre de céréales sur le marché extérieur de 4,5% pour atteindre 46,5 millions de tonnes.

Je voudrais citer une source occidentale. Le britannique The Economist Intelligence Unit note que la récolte de blé en Ukraine au cours de l'année agricole en cours diminuera de 32% par rapport à l'année agricole 2021/2022 pour atteindre 22,5 millions de tonnes. Au cours de l'année agricole 2023/2024, ce chiffre sera de 19 millions de tonnes, et le volume des exportations tombera à 10 millions de tonnes. Il est dommage que l'Economist Intelligence Unit britannique n'ait pas écrit que le sol ukrainien était désormais contaminé par des déchets radioactifs liés à la fourniture d'obus à l'uranium appauvri par le Royaume-Uni. Ces livraisons au régime de Kiev durent depuis plus d’un mois, comme nous l’avons répété à plusieurs reprises. Le fond correspondant, qui a été mesuré, en témoigne également. Ceci est directement lié à la qualité des produits agricoles du territoire ukrainien. Il est dommage que les publications britanniques, américaines, canadiennes et européennes n'en parlent pas.

Dans le même temps, la Russie continue de remplir de manière responsable et consciencieuse ses obligations au titre des contrats internationaux concernant l'exportation de produits agricoles, d'engrais, de vecteurs énergétiques et d'autres produits essentiels. Nous sommes bien conscients de l'importance de l'approvisionnement en produits socialement significatifs, y compris alimentaires, pour le développement socio-économique des États d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine et du Moyen-Orient, pour la réalisation des indicateurs de sécurité alimentaire et pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Ceci est confirmé par les initiatives avancées par le président Vladimir Poutine visant à faire le don de dizaines de milliers de tonnes d'engrais russes (saisis dans les ports européens) à ceux qui en ont besoin, ainsi que de céréales (25.000 à 50.000 tonnes au Burkina Faso, Zimbabwe, Mali, Somalie, République Centrafricaine, Érythrée). Parallèlement à la proposition russe, on étudie activement les possibilités d'approvisionnement alternatif en produits alimentaires nationaux pour les États les plus pauvres, afin de les indemniser des dommages causés par la suspension forcée de l'Initiative de la mer Noire.

Je voudrais vous rappeler que tous les problèmes liés à l’Initiative de la mer Noire sont causés par les sanctions illégitimes, illégales et immorales des États-Unis et de l’Union européenne, ainsi que par tous les pays qui ont adhéré à ces sanctions ou les ont adoptées de la même manière unilatérale contre notre pays sous la pression américaine.