Entretien de la Pravda avec le président du Parti communiste allemand Patrik Köbele
INTERNATIONAL


Dans le cadre de notre réflexion sur le socialisme, sur ce qu’est un parti communiste y compris dans l’UE, voici les réflexions des communistes allemands telles qu’elles ont été recueillies par la Pravda. Ce que nous publions ici n’est jamais un “modèle” mais l’ouverture d’un dialogue indispensable avec des partis confrontés aux mêmes problèmes que nous (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop pour histoire et société).
Pourquoi la République fédérale d’Allemagne est-elle un bastion de l’anticommunisme et de la russophobie? Lénine est-il pertinent aujourd’hui? À ce sujet et bien plus dans une interview avec Andrei DULTSEV du président du Parti communiste allemand (DKP) Patrik KÖBELE
Le journal “Pravda”.
https://kprf.ru/international/capitalist/195844.html
10-07-2020
Andrey DULTSEV. Pourquoi conseillez-vous de rejoindre le DKP?
Patrik KÖBELE. L’économie capitaliste est basée sur le profit. Ce ne peut pas être l’avenir de l’humanité: le capitalisme est construit sur la concurrence et n’est pas en mesure de planifier l’avenir de l’humanité sur la base d’un équilibre des fondements naturels de la vie. La seule force politique prônant une rupture cohérente avec ce système irrationnel est les communistes. Si vous êtes parvenu à la conclusion que le système existant doit être modifié et que cette conclusion se suggère d’elle-même, vous ne pouvez pas passer à côté du Parti communiste. De ce point de vue, notre parti est extrêmement moderne. En Europe, où la police tabasse des infirmières en grève, comme ça s’est récemment produit à Paris, notre parti propose des réponses extrêmement modernes.
Notre forme d’organisation de parti est liée à la question de la lutte des classes: nous vivons formellement dans une société démocratique bourgeoise, mais la nature cachée de cette société est une nature de classe – en Allemagne règne la classe capitaliste. Cette classe a tellement amélioré ses outils pour manipuler la conscience publique, y compris les organes répressifs de l’État et les médias, que seule une force politique hautement organisée peut y faire face. Notre parti est nécessaire. Étant un parti communiste, nous sommes simultanément un anti-parti. Nous ne sommes pas un parti au sens parlementaire bourgeois, mais une organisation militante. Ce qui signifie bien plus qu’un mouvement politique qui se rassemble de temps en temps pour résoudre des problèmes particuliers.
ANDREI DULTSEV . Vous êtes président du Parti communiste allemand depuis 2013. Qu’est-ce qui a changé dans la politique du parti sous votre direction? Quelle est votre stratégie?
PK. En 2013, lorsque j’ai été élu président du DKP, notre parti avait commencé à s’éloigner de plus en plus de son identité communiste. Il y avait une déviation de l’ancienne direction vers un rapprochement avec le Parti de gauche ou avec le Parti de la gauche européenne, ce qui conduisait à moyen terme à une rupture avec le marxisme et à une transition vers des positions réformistes. Ma candidature incarnait l’opinion de la majorité des membres de notre parti qui s’opposent à ces tendances opportunistes. Nous travaillons maintenant à l’élaboration d’une stratégie et d’un plan d’action dans les réalités politiques modernes: notre politique est dirigée principalement contre l’Allemagne impérialiste, qui a placé toute la zone euro sous le talon de Mme Merkel, et contre l’ordre mondial imposé par les puissances impérialistes des États-Unis et de l’Allemagne.
ANDREI DULTSEV . Pourquoi le mot «communisme» en Allemagne est-il injurieux dans les médias bourgeois? Depuis plus de 30 ans, aucune menace politique n’émane des États du socia